Manu Dibango, le séquoia géant africain.

TURIN, ITALIE – 28 AVRIL : (NOTE DES ÉDITEURS : l’image a été convertie en noir et blanc) Manu Dibango se produit pendant le Festival de jazz de Turin sur la Piazza Castello le 28 avril 2014 à Turin, Italie. (Photo par Valerio Pennicino/Getty Images)

LE SAXOPHONISTE CAMEROUNAIS QUI A FAIT DANSER LE MONDE

En l’an 1933, le monde accueillit avec chaleur un talent féérique, une légende en devenir, Manu Dibango, né dans les terres enchanteresses du Cameroun. Dès son plus jeune âge, Manu Dibango se passionne pour la musique. Il apprend la mandoline et le piano, et commence à composer ses propres mélodies.

En 1953, Manu Dibango décide de partir en France pour poursuivre ses études musicales. Il rencontre alors Francis Bebey, un autre musicien camerounais, qui lui enseigne le jazz et le saxophone. Les deux jeunes hommes forment un groupe ensemble et donnent quelques représentations mémorables. Mais la vie n’est pas toujours un conte de fées. En 1956, Manu Dibango échoue au baccalauréat et son père l’abandonne. Déterminé à ne pas laisser ces rêves l’engloutir, Manu Dibango décide de se rendre en Belgique pour se produire dans des cabarets. C’est dans ces antres nocturnes qu’il rencontre Coco, une mannequin au charme renversant. Ils se marient en 1957.

La chance sourit enfin à Manu Dibango. Il rencontre le Grand Kallé, un célèbre musicien congolais, qui l’invite à rejoindre son orchestre, l’African Jazz. Manu Dibango devient rapidement une star en Afrique. Il enregistre des disques à succès et donne des concerts dans toute la région.

EXCLUSIF : LES VOIX DE L’ESPOIR – LES ARTISTES REHEARSE (Photo by Jeremy Bembaron/Sygma/Sygma via Getty Images)

LES GRANDS ESPRITS SE CHERCHENT ET SE RENCONTRENT

En 1962, Manu Dibango décide de prendre la gestion d’un club à Léopoldville, au Congo. Il y fait danser les foules au son de son makossa, un rythme endiablé qui mélange des influences africaines et jazz. En 1963, il décide de fonder son propre établissement au Cameroun. Malheureusement, son entreprise personnelle est un échec. Mais Manu Dibango ne se laisse pas abattre. Il continue de se produire sur scène et d’enregistrer de nouveaux albums.

Après son retour en France en 1965, Manu Dibango ne s’arrête pas de créer et de jouer de la musique. Il fonde son Big Band en 1967, avec lequel il se produit dans les clubs parisiens. Il participe également à l’émission de télévision Pulsations, où il rencontre Dick Rivers et Nino Ferrer. En 1969, il sort l’album Saxy party, qui lui permet de renouer avec son public africain. L’album est un succès commercial et critique, et il est récompensé par un disque d’or.

PARIS, FRANCE – 18 JANVIER : (G-D) Les chanteurs Coumba Gawlo Seck, Soul T de ‘Negro Pou La Vi’, Meiway, Jessy Matador, Alpha Blondy, Manu Dibango, Mokobe, Salif Traore a.k.a A’Salfo de Magic System, Fally Ipupa et Sekouba Bambino posent après la conférence de presse de ‘Nuit Africaine au Stade de France’ le 18 janvier 2011 à Paris, France. (Photo par Richard Bord/WireImage)

LA FAMEUSE “MAKOSA”

Soul Makossa a permis à Manu Dibango de conquérir les scènes internationales. Sorti en 1972, ce tube a propulsé le musicien franco-camerounais vers une renommée mondiale. À l’origine, cette chanson n’était que la face B d’un disque vinyle, porté par un tout autre titre qui devait devenir l’hymne de la Coupe d’Afrique des Nations de football. Manu Dibango avait en effet sollicité le ministre des Sports du Cameroun pour enregistrer un morceau de soutien à l’équipe nationale. C’est donc Soul Makossa qui a fait exploser la notoriété de l’artiste en s’écoulant à 50 000 exemplaires en France.

Ce succès a même traversé les frontières jusqu’aux États-Unis, où plusieurs artistes se sont emparés de cette mélodie, notamment Michael Jackson avec son morceau Wanna Be Starting Something. Manu Dibango n’a pas hésité à accuser le roi de la pop de plagiat. Apparemment, le différend aurait été réglé par un arrangement financier entre les deux hommes dans les années 80.

Pourtant, l’empreinte musicale de Soul Makossa se fait encore ressentir des années plus tard. En 2007, c’est la talentueuse chanteuse Rihanna qui a samplé le célèbre morceau de Manu Dibango pour son titre Don’t Stop The Music. Preuve que cette œuvre originale continue d’inspirer les plus grands noms de l’industrie musicale. L’histoire de Soul Makossa est celle d’une chanson qui a transcendé les frontières et les générations. Elle rappelle le génie musical de Manu Dibango, sa capacité à créer des mélodies entraînantes et intemporelles. Une histoire dont la notoriété continue de grandir au fil du temps.

EXCLUSIF : LES VOIX DE L’ESPOIR – LES ARTISTES REHEARSE (Photo by Jeremy Bembaron/Sygma/Sygma via Getty Images)

TROIS KILOS DE CAFÉ

En 1988, il publie son autobiographie, Trois kilos de café. Ce livre relate son parcours extraordinaire, de son enfance en Afrique à sa renommée internationale. Dibango raconte avec passion comment la musique a toujours été présente dans sa vie, depuis ses premières mélodies jouées sur une flûte de bambou jusqu’à sa collaboration avec des artistes de renom tels que Fela Kuti et Herbie Hancock. Il partage également des anecdotes sur les rencontres marquantes qui ont jalonné son chemin, ainsi que sur les luttes et les succès qu’il a rencontrés en tant qu’artiste africain dans l’industrie musicale internationale. Trois kilos de café est un récit inspirant qui met en lumière la musique comme un langage universel et le talent exceptionnel d’un homme qui a su conquérir le monde grâce à son art.

Depuis les années 1990, Manu Dibango poursuit les enregistrements avec succès. Il sort notamment les albums WakafriKa, Négropolitaines, Lamastabastani et Kamer feeling. En 2010, il est décoré de la Légion d’honneur. En 2019, il remonte sur scène pour une tournée anniversaire, célébrant ses 60 ans de carrière.

La chanteuse béninoise Angélique Kidjo et le saxophoniste camerounais Manu Dibango dans “Femme noire”, spectacle d’après un poème de Léopold Sédar Senghor en hommage à la femme africaine, mis en scène par Frédéric Maragnani lors de la 71e édition du Festival d’Avignon dans la cour d’honneur du Palais des papes, le 24 juillet 2017, France. (Photo by Jean-Marc ZAORSKI/Gamma-Rapho via Getty Images)

LA MORT DU BAOBAB AFRICAIN

Quatre ans se sont écoulés depuis que la triste nouvelle de son hospitalisation, causée par une infection au coronavirus, a été annoncée le 18 mars 2023 via sa page Facebook. Dans l’espoir de calmer l’inquiétude de ses admirateurs, un communiqué se voulant rassurant avait été publié, mentionnant qu’il se reposait et récupérait sereinement. Mais le sort en a voulu autrement. Mardi 24 mars, la famille de Manu Dibango a tristement annoncé son décès à l’âge de 86 ans, plongeant la scène musicale africaine dans le deuil. Il laisse derrière lui une carrière immense et un sample de saxophone légendaire.

Manu Dibango était un artiste humble et accessible. Il était apprécié du public pour sa musique, mais aussi pour sa personnalité. Il était toujours prêt à partager sa passion pour la musique avec les autres. Il était également un homme engagé. Il a soutenu de nombreuses causes humanitaires, notamment la lutte contre la pauvreté et le sida. Il était un artiste unique, qui a marqué l’histoire de la musique. Il était un pionnier de la world music et il a contribué à populariser la musique africaine auprès du grand public.

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