Parler sa propre langue n’interdit pas d’en apprendre d’autres

Dans un pays comme le Sénégal, une langue, en l’occurrence le Wolof, s’est imposée à tout le monde, malgré la multiplicité des ethnies dans ce pays. Il suffirait que l’on décide d’enseigner dans cette langue et les choses se feraient sans heurt. Il en est de même du bambara au Mali, du Lingala en République Démocratique du Congo, du Minan au Togo et au Bénin, du Swahili dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, du sud et du Nord.
Teacher reading book to elementary school children in class

UN CANAL SPIRITUEL QUI CREE LA VOIE PAR LA VOIX

Une langue est normalement considérée comme un vrai instrument de communication. Elle joue cependant un rôle central dans la découverte, l’identification et le stockage des connaissances. La langue permet la diffusion des connaissances dans le cadre de l’éducation formelle, mais aussi en dehors des institutions éducatives sous des formes vulgarisées. La langue est très importante, même lorsqu’elle n’est pas le premier moyen d’expression. Alors qu’en Afrique et dans plusieurs pays d’Amérique, les langues des colonies continuent toujours de se faire alimenter. Parlons de l’Afrique, parce qu’elle est la seule à ne plus récupérer ses langues au détriment des langues étrangères.

« La langue, un canal spirituel permettant de créer quoi que ce soit, car elle crée la voie par la voix. » – Pons MAKIESE 

Par ailleurs, en Afrique les voies sont créées par les voix de canaux des autres. À l’exception de quelques uns dont l’Algérie qui a officialisé le tamazigh, une langues berbère, le Maroc en a fait autant avec le berbère… Tandis qu’en Afrique noire, l’Éthiopie est le seul pays à avoir officialiser toutes ses langues, l’Afrique du sud est l’un des rares pays à avoir rendu officielles certaines de ses langues africaines en dehors de l’anglais et de l’afrikaans, la Tanzanie a rendu le swahili officiel, le Rwanda avec le kinyarwanda et le swahili, l’Ouganda avec le swahili, le Burundi avec le kirundi, la somalie avec le somali et l’Érythrée avec le tigrigna.

Ailleurs, les seules langues officielles, celles dans lesquelles le savoir est transmis, sont les langues de l’ancien colon. Les arguments souvent évoqués pour justifier le choix de ces langues comme langues officielles sont la multiplicité de langues locales dans les pays africains. La difficulté qu’il y a à en choisir une et l’impossibilité d’enseigner certaines matières, notamment la science et la technique, dans ces langues. La langue du colon est anciennement colonisée. Ces arguments peuvent être rapidement battus en brèche.

Les Thaïlandais, les Polonais, les Coréens, les Serbes, les Japonais, les Zoulous, les Moldaves sont les seuls à parler leurs langues, mais ils arrivent à communiquer avec les autres peuples du monde.

« PARLER SA PROPRE LANGUE N’INTERDIT PAS D’EN APPRENDRE D’AUTRES. »

Des questions qui répondent. Les langues africaines sont-elles compatibles avec les sciences ? Oui, oui et pourquoi toutes les langues seraient-elles compatibles avec les sciences, sauf les langues africaines ? Que fait-on de l’élasticité des langues qui leur permet de s’adapter à toutes les situations ? Pourquoi les langues africaines ne pourraient-elles pas emprunter aux autres des mots ou expressions qu’elles n’ont pas ? Où les créer ?

N’est-ce pas ce qu’elles font déjà ?

Tout est une question de volonté comme pour tout le reste. Tout revient au mépris de soi. L’Africain a décrété d’emblée que la science et la technologie lui sont étrangères. Donc sa langue ne saurait pas s’y plier.

IL N’Y A PAS DE RENAISSANCE, DE SURVIE D’UNE PERSONNALITÉ, D’UNE CULTURE OU D’UNE CIVILISATION, LA OÙ DISPARAÎT LA LANGUE ORIGINELLE DE SUPPORT.

« La Renaissance française a coïncidé avec l’émergence du français. L’aggiornamento avec celle de l’italien, le mouvement Grundtvig avec celle du danois. La Renaissance soviétique a ramené à la surface les langues d’URSS, celle de la Chine le han et des idiomes des minorités» : – Pathé Diagne

Dans un pays comme le Sénégal, une langue, en l’occurrence le Wolof, s’est imposée à tout le monde, malgré la multiplicité des ethnies dans ce pays. Il suffirait que l’on décide d’enseigner dans cette langue et les choses se feraient sans heurt. Il en est de même du bambara au Mali, du Lingala en République Démocratique du Congo, du Minan au Togo et au Bénin, du Swahili dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, du sud et du Nord.

Quelle que soit la méthode, il n’est pas du tout impossible de choisir une langue locale pour en faire une langue nationale et officielle.

Les sud-africains y sont bien parvenus, et si l’on a décidé de faire de la langue coloniale, la langue officielle, il est possible d’en choisir une autre. Un autre argument parfois avancé est que les langues africaines ne permettent pas de communiquer avec le reste du monde.

Parlons d’abord de la multiplicité des langues de nos pays. Cheikh Anta Diop a dit : « On pourrait objecter la multiplicité des langues en Afrique. On oublie alors que l’Afrique est un continent, au même titre que l’Europe, l’Asie, l’Amérique; pourtant, sur aucun de ceux-ci, l’unité linguistique n’est réalisée; pourquoi serait-il nécessaire qu’elle le fût en Afrique ? L’idée d’une langue officielle africaine unique, parlée d’un bout à l’autre du continent. est inconcevable autant que l’est aujourd’hui celle d’une langue européenne unique. » Cela étant dit, le fait est qu’il existe dans nos différents pays plusieurs langues. Comment en choisir une qui serait la langue nationale officielle ? Tout dépend de la volonté des peuples et de leurs leaders.

La clé du développement de l’Afrique se repose en grande partie au niveau des langues. Régler ce problème en urgence, c’est aussi répondre positivement et urgemment à la libération culturelle et spirituelle de ce grand continent.

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