Le Papa de la Rumba congolaise

Papa Wemba, Sfinks Festival, Boechout, Belgique, 30/07/1989 (Photo par Gie Knaeps/Getty Images)

PAPA WEMBA - LE ROSSIGNOL

Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, dit Papa Wemba, est né le 14 juin 1949 à Lubefu, en République démocratique du Congo. Il est décédé le 24 avril 2016 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, des suites d’un malaise cardiaque sur scène. Papa Wemba est considéré comme l’une des plus grandes figures de la musique congolaise et africaine. Sa voix unique et son énergie sur scène ont fait de lui un artiste incontournable, tant en Afrique qu’à l’étranger.

Papa Wemba commence sa carrière musicale au sein du groupe Zaiko Langa Langa, l’un des plus populaires de Kinshasa à l’époque. Il se fait rapidement remarquer par ses performances vocales et ses mouvements de danse uniques. En 1977, il décide de se lancer en solo en créant son propre groupe, Viva La Musica. Le groupe connaît un succès fulgurant et contribue à populariser le soukous, un style de musique congolaise entraînant et mélodique.

Le chanteur de rumba congolaise, ou soukous, Papa Wemba, le 2 septembre 1994. (Photo par Steve Pyke/Getty Images)

SA CARRIERE INTERNATIONALE

En 1993, Papa Wemba rencontre l’Anglais Peter Gabriel, musicien et fondateur du label Realworld, spécialisé dans la musique du monde. Ce succès permet à Papa Wemba de se faire connaître du public international. En 1999, le réalisateur italien Bernardo Bertolucci choisit deux titres de Papa Wemba, Maria Valencia et Le Voyageur, pour illustrer son film “Paradiso e inferno“. Cette collaboration contribue à faire connaître encore davantage l’artiste à l’échelle mondiale.

En 2003, Papa Wemba est arrêté à Paris pour son implication présumée dans un réseau de trafic de visas. Il est condamné à deux ans de prison, dont il purge un an. Ce scandale a eu un impact négatif sur la carrière de Papa Wemba, mais il n’a pas réussi à l’arrêter. Il a continué à enregistrer et à se produire sans relâche jusqu’à sa mort. Tout au long des années 2000, Jules Shungu a pu maintenir sa place parmi les artistes les plus populaires de la musique africaine. Il a sorti plusieurs albums à succès tels qu’A LA UNE en 2001 et Somo Trop en 2003, qui ont été salués par la critique.

Le chanteur de rumba congolaise, ou soukous, Papa Wemba, le 2 septembre 1994. (Photo par Steve Pyke/Getty Images)

LA SAPOLOGIE - LE MARIAGE DE L’ART AU STYLE

Permettez-moi de vous en apprendre davantage sur l’illustre Papa Wemba. En effet, cet artiste ne se limitait pas à sa virtuosité musicale, il était également une icône de la sape, un art de se vêtir à la pointe de la mode. Papa Wemba est considéré comme une des figures phares de ce mouvement en Afrique, véritable précurseur de la tendance.

L’histoire de Papa Wemba avec la sapologie remonte aux années 70, lorsqu’il était membre du groupe Zaiko Langa Langa. À cette époque, le groupe était connu pour son style de mode unique, qui consistait à porter des vêtements de marque importés d’Europe. Papa Wemba était le leader du groupe et était souvent considéré comme le plus élégant et le plus sophistiqué des membres. Il était connu pour porter des vêtements de marque de haute qualité, tels que des costumes Dior et des chaussures Gucci. Il était également connu pour ses coiffures sophistiquées et son maquillage impeccable. Mais Papa Wemba n’était pas seulement un adepte de la sapologie, il était aussi un fervent ambassadeur de ce mouvement sur le continent africain. Il a organisé de nombreux concours et événements pour promouvoir cette tendance incontournable de l’art visuel. Sa contribution au mouvement restera gravée dans l’histoire de la mode africaine, et son influence se fera sentir encore pendant des générations.

Papa Wemba lors d’une séance photo en France - dans la région parisienne: Aulnay-sous-Bois

La sapologie est un mouvement culturel qui est né en Afrique centrale dans les années 1960. Il est basé sur l’idée que la mode est une forme d’expression de soi et un moyen de se distinguer des autres. Les adeptes de la sapologie, appelés les sapeurs, sont connus pour leur goût prononcé pour les vêtements de marque et leur style vestimentaire extravagant. La sapologie est souvent perçue comme un mouvement provocateur. Les sapeurs sont souvent critiqués pour leurs dépenses excessives et leur obsession pour les marques. Toutefois, ils défendent leur mode de vie en affirmant qu’il est un moyen de célébrer la culture africaine et de promouvoir l’estime de soi.

LA MORT SUBTILE DU KURUYAKA - CHAQUE CONCERT EST UN VOYAGE

Il y a huit ans, le monde a perdu l’une de ses plus grandes icônes musicales avec la disparition tragique de Papa Wemba. Le 24 avril 2016, le chanteur était sur scène au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), en Côte d’Ivoire, lorsqu’il s’est effondré en interprétant l’une de ses chansons. Les membres de son groupe ont tenté de le réanimer, mais Papa Wemba avait déjà succombé. La nouvelle de sa mort a choqué ses fans, car juste la veille, l’artiste avait donné une performance électrisante à Paris, qui prouvait que le chanteur était en bonne santé. Certains fans ont noté que le musicien avait enchaîné les concerts en ces temps-là, ce qui aurait pu expliquer sa fatigue.

Papa Wemba était un artiste chéri et respecté dans toute l’Afrique, et sa mort a suscité de nombreux hommages de la part de ses pairs et de ses fans. Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a exprimé sa tristesse et son soutien à la famille et aux fans du pape de la sape. Le président congolais de l’époque, Joseph Kabila, a également salué la mémoire de l’icône de la rumba congolaise. Suite à son décès, une autopsie a été réalisée pour découvrir les causes exactes de sa mort. Les résultats ont confirmé que Papa Wemba était mort d’un malaise cardiaque. L’autopsie a également révélé qu’il avait consommé de la cocaïne peu de temps avant sa mort. Cette découverte a provoqué une vague d’émotions chez les fans du chanteur, certains incriminant la consommation de drogue, mais ne pouvant enlever l’admiration portée à l’artiste.

Cette annonce a mis fin à des mois de spéculations sur les causes de sa mort et a apporté des réponses claires concernant les circonstances entourant sa disparition. Pourtant, la mort de l’artiste ne doit pas faire oublier l’impact considérable qu’il a eu sur la scène musicale africaine. Même après sa mort, sa musique continue d’inspirer de nombreux artistes du continent et reste un symbole de la diversité culturelle qui anime l’Afrique.

Lors d’une session d’enregistrement à Dakar, des musiciens africains se préparent à travailler ensemble. Papa Wemba est assis (à gauche) ; Lourdes Van-Dunem regarde par-dessus son épaule. Un homme non identifié la sépare de Youssou N’Dour, à la table de mixage. Le saxophoniste Lagbaja, masqué comme toujours pour cacher son identité, joue en arrière-plan. La session d’enregistrement faisait partie d’une tournée politiquement motivée sur le continent africain. (Photo par Douglas Kirkland/Corbis via Getty Images)

L’homme qu’on appelait M’zée Fula Ngenge a toujours porté haut les couleurs de la rumba congolaise, contribuant ainsi à l’émergence d’un mouvement musical qui a révolutionné la musique africaine. Sa carrière a été marquée par des collaborations avec d’autres grands noms de la musique africaine tels que Youssou N’Dour. Sa musique reste une référence pour de nombreux artistes, qui s’en inspirent pour créer leurs propres sons. Papa Wemba a été un innovateur et un pionnier, plus qu’un simple musicien, son œuvre a contribué au développement de la rumba congolaise comme un genre prenant une place de plus en plus importante sur la scène internationale.

Malgré une disparition soudaine et tragique, Papa Wemba laisse derrière lui une œuvre qui perdure dans la musique africaine actuelle. Sa créativité artistique unique, son engagement en faveur de la culture africaine, et son influence sur la musique subsaharienne ne sont pas prêts de s’effacer de sitôt dans les mémoires des fans de rumba congolaise et de la musique africaine en général.

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