CONGO, Entre guerres des terres et génocides

MONGBWALU, CONGO – 27 MARS : Un garçon fait une pause dans une mine d’or le 27 mars 2006 à Mongbwalu, Congo. Des milliers de Congolais tirent leurs maigres revenus de l’exploitation minière. Les gisements d’or et d’autres minéraux sont abondants dans le nord-est instable du pays et sont devenus le catalyseur d’une grande partie du conflit au Congo. La République démocratique du Congo (RDC), un pays qui perd environ 1 400 personnes par jour à cause de la guerre depuis 1998, se bat pour organiser des élections présidentielles cet été. L’est instable du pays, à des centaines de kilomètres de la capitale Kinshasa, est au centre d’une violence permanente. De nombreuses milices et seigneurs de la guerre se disputent le contrôle de l’est du Congo, riche en minerais, depuis des décennies, ce qui a entraîné une instabilité constante et des effusions de sang. (Photo par Spencer Platt/Getty Images)

OÙ COMMENCENT LES RELATIONS ENTRE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET LE RWANDA ?

A commencer par la Conférence de Berlin, qui a réuni 13 pays européens pour faire le tri entre les pays africains, de 1884 à 1885. Concernant certains pays des Grands Lacs et de l’Afrique subsaharienne. À l’issue de cette conférence, la France a pu obtenir plusieurs pays, dont la République du Congo, la République centrafricaine et le Gabon. Le Portugal a quant à lui obtenu l’Angola. La Grande-Bretagne et le Royaume-Uni ont également pu obtenir : l’Ouganda, le Soudan, la Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie) et la Rhodésie du Sud (l’actuel Zimbabwe). L’Allemagne s’est retrouvée avec le Ruanda-Urundi et le Tanganyika (l’actuelle Tanzanie). Enfin, la République démocratique du Congo est le seul pays après la Conférence de Berlin à ne pas avoir de pays ou de métropole colonisatrice.

Le 1er juillet 1885, le pays qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo a été nommé État Indépendant du Congo et donné à Léopold II, alors roi des Belges. Le Congo n’était pas une colonie belge, du moins à cette époque. Et c’est sur base des trois principes qu’ils ont pu créer cette exception à une époque où ces pays européens décidaient du sort des pays africains. Les trois principes sont les suivantes : Première Principe : L’État indépendant du Congo devrait être un État neutre (un État qui ne doit jamais soutenir un autre pays de la région en cas de guerre). Deuxième Principe : Liberté de commerce : tout pays du monde souhaitant faire des affaires au Congo a le droit de le faire, car l’État indépendant du Congo est considéré comme une colonie internationale par tous les pays. Troisième Principe : Liberté de navigation sur le fleuve Congo et ses affluents.

Ce sont ces trois principes qui ont fait que l’État indépendant du Congo était le terrain de jeu de tout le monde jusqu’à ce que son gestionnaire, le roi des Belges Léopold II, décide de faciliter ses propres affaires au détriment des affaires des pays qui lui avaient confié la gestion de cet État.

La Conférence du Congo de 1884-1885 à Berlin a jeté les bases de la ruée vers l’Afrique (Photo : Universal History Archive/UIG via Getty images)

UN LEOPOLD II GOURMAND ET MOINS SAGE

Le roi des Belges commence à persécuter les habitants en commerçant avec eux, mais aussi en leur infligeant des traitements inhumains, notamment en leur coupant des parties du corps et des mains pour les forcer à obéir à ses ordres. Léopold II découvre le caoutchouc grâce à un Américain du nom de John Boyd Dunlop, qui lui dit qu’on peut en faire des pneus. Au lieu de laisser les autres profiter de cette découverte, le roi des Belges se l’approprie. Il a alors commencé à persécuter les habitants en les obligeant à effectuer des travaux forcés pour extraire le caoutchouc. Ce traitement inhumain est considéré par beaucoup comme le premier génocide du XXe siècle.

C’est à la suite de ce traitement humain que les pays qui avaient confié à Léopold II la gestion de cet État le lui ont retiré pour finalement le confier à la Belgique. L’État indépendant prend fin en 1908. L’État indépendant du Congo devient même le Congo-Belge. Cet Etat, qui n’avait pas encore de colonie, a pu avoir un pays colonisateur, la Belgique, qui l’a rebaptisé Congo-Belge. Auparavant, les Britanniques avaient proposé d’organiser une deuxième conférence de Berlin pour récupérer cet État auprès du roi des Belges. Officieusement, les Belges ont demandé au roi des Belges de céder l’État indépendant du Congo à la Belgique en tant que pays, afin qu’aucun autre pays ne puisse le revendiquer. En accord avec les Etats-Unis d’Amérique, le Roi des Belges cède l’Etat Indépendant du Congo à la Belgique, mais en échange, il exige que la Belgique lui verse une énorme somme d’argent pour ce qu’il a pu faire dans cet Etat.

LA PREMIERE GUERRE MONDIALE

En 1910, les Allemands sont au Rwanda et les Belges au Congo-Belge. Cette même année, l’Allemagne et la Belgique signent un accord le 11 août 1910. Par cet accord, les deux pays colonisateurs modifient les frontières de leurs colonies (Congo-Belge et Rwanda). Suite à cet accord, le Congo-Belge perd deux de ses territoires (Tshangungu et Gisenyi) au profit du Rwanda, et le Congo-Belge reçoit en compensation des fragments de terre près de Rutshuru. (Au terme de cet accord, les Allemands et les Belges ont demandé aux populations concernées par ce changement de décider si elles voulaient rester au Rwanda ou au Congo belge ; un délai de six mois leur a été accordé). Le 1er août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, sachant que la France soutiendra la Russie en tant qu’alliée (Première Guerre mondiale). Le 4 août, l’Allemagne franchit la frontière belge, violant les règles et les accords de neutralité de la Belgique. C’est ainsi que la Belgique a été occupée par l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, tout simplement pour pouvoir accéder facilement à la France, la Belgique étant le pays qui sépare l’Allemagne de la France.

Le 15 août 1914, les soldats allemands présents en Tanzanie ont franchi la frontière pour attaquer le Congo-Belge à Kalemie. Les Congolais disent que la Première Guerre mondiale a également eu lieu au Congo, car les Allemands ont attaqué le Congo parce que c’était une colonie belge (l’Allemagne avait une longueur d’avance en Afrique, car elle possédait plusieurs navires sur les lacs Tanganyika et Kivu). Les Allemands ne se contentent pas d’attaquer la France, ils veulent récupérer toutes les colonies françaises et belges, d’où leur proposition aux Britanniques de partager le Congo-Belge. En contrôlant le lac Kivu, le seul territoire congolais occupé par l’Allemagne de 1914 à 1918 est l’île d’Idjwi.

En 1916, le général Charles Tomber du Congo-Belge, commandant des forces publiques, repousse un général allemand, Paul Volpec, qui avait décidé d’entrer par Goma pour récupérer les mines d’or de Kilomoto. En le repoussant, Charles Tomber propose d’attaquer les Allemands afin qu’ils ne puissent plus reprendre leurs tentatives au Congo-Belge. Il recrute 15 000 indigènes congolais pour attaquer les Allemands au Rwanda. Le 9 mai 1916, Kigali tombe aux mains de 15.000 soldats congolais. Le 6 juin 1916, Bujumbura tombe également et, en juillet, le Ruanda-Urundi tombe aux mains des forces belgo-congolaises. Les Congolais ne s’arrêtent pas là : ils s’emparent également de la Tanzanie, en commençant par les villes de Dodoma, Tabora et Mayenge. Le Congo-Belge conquiert le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, toutes des colonies allemandes. À la fin de la guerre, l’Allemagne perd tous ses pays africains. La France récupère le Togo et le Cameroun, qui étaient des colonies allemandes. L’Angleterre récupère la Tanzanie et la Namibie.

Ancienne colonie allemande puis belge correspondant aux actuels Rwanda et Burundi

LA SOCIETE DES NATIONS

En 1923, la Société des Nations (aujourd’hui l’ONU : Organisation des Nations Unies) rend le Ruanda-Urundi à la Belgique, estimant qu’elle a fait un travail colossal pendant la guerre. Le Ruanda-Urundi devient ainsi une colonie belge. En 1925, pour faciliter l’administration de leurs colonies (Congo-Belge et Ruanda-Urundi), les Belges annexent le Ruanda-Urundi au Congo-Belge. Le Ruanda-Urundi devient une septième province du Congo-Belge. En 1930, les Belges créent une organisation appelée MIB : Mission d’immigration Banyarwanda. Le Ruanda-Urundi étant annexé au Congo, les deux pays ne font plus qu’un, et les Belges commencent à enlever des Rwandais pour les installer dans les Kivu, tout simplement parce que les colons belges manquent de main d’œuvre dans cette partie du pays. C’est le même phénomène qui a conduit à l’augmentation du nombre de Kasaïens au Katanga, de la main d’œuvre de la Gécamines…

Entre 150 000 et 200 000 Rwandais ont été déplacés dans les Kivu, principalement dans le territoire de Masisi. Les colons ont justifié ce déplacement par la forte densité de Rwandais par rapport à leur espace vital. La superficie du Rwanda est de 26 338 km² et celle du Nord-Kivu de 56 000 km², ce qui signifie que le Rwanda peut pénétrer presque deux fois dans le Nord-Kivu. D’où l’argument de la densité, qui justifie le fait qu’ils prenaient des gens pour les installer au Kivu.

LA SÉPARATION DU CONGO-BELGE ET LE RUANDA-URUNDI

C’est précisément le 30 juin 1960 que le Congo accède à l’indépendance, tandis que les Belges continuent de coloniser le Ruanda-Urundi. Le Congo et le Ruanda-Urundi se sont donc séparés. Le 1er juillet 1962, le Ruanda-Urundi devient également indépendant, séparant ainsi deux États : Le Ruanda-Urundi. La même année, à la suite d’une guerre tribale, plus de 60 000 Rwandais de la tribu Tutsi fuient la guerre et s’installent au Congo en tant que réfugiés. D’autres se rendent au Burundi et en Ouganda.

Après l’indépendance, le problème de la nationalité s’est posé au Congo : qui était congolais et qui ne l’était pas. Parce qu’au Nord-Kivu, il y avait un problème entre les ethnies congolaises et les rwandophones (les habitants du Congo qui parlent le kinyarwanda – en swahili, on les appelle Banyarwanda), le Congo s’est retrouvé avec trois peuples parlant le kinyarwanda à l’intérieur de ses frontières : les Hutus, les Tutsis et les Tuas (Pygmées). A ce stade, les Congolais se trouvent dans un véritable dilemme, car il y a les Banyarwanda trouvés à Rutshuru par les Belges, qui sont considérés comme des autochtones, puis les Banyarwanda de la mission d’immigration Banyarwanda, et les réfugiés Tutsi. Entre ces catégories de Rwandais à l’intérieur du pays, qui a droit à la nationalité ou au droit de vote. Ils sont renvoyés à une loi électorale de 1960 du Congo-Belge qui stipule que les ressortissants du Ruanda-Urundi qui vivent au Congo depuis au moins 10 ans ont le droit de vote.

Mais le problème de la nationalité persiste. En 1964, le président congolais Joseph Kasu-Vubu fait rédiger la constitution de Luluabourg, qui stipule que toute personne ayant eu des grands-parents ou des parents au Congo depuis 1908 est automatiquement congolaise. Et en 1971, sous le règne du président Mobutu, son chef de cabinet Barthélémy Bisengemana (qui était l’ancien président des étudiants rwandais de Lovanium) a initié la loi du 13 janvier 1972, qui stipulait que les ressortissants du Ruanda-Urundi, présents au Congo depuis 1950, étaient des Zaïrois. Bisengemana a été président du cabinet de Mobutu de 1972 à 1978.

LE PROBLEME DE NATIONALITE ET LE DEBUT DE CONFLIT

En 1978, lorsque Bisengemana a quitté le cabinet du président Mobutu, le Conseil législatif congolais a annulé la loi de 1972 initiée par Bisengemana. Le Conseil législatif congolais annule la loi de 1972 initiée par Bisengemana. A la place, il adopte une autre loi stipulant que toute personne ayant des ancêtres, des grands-parents ou des parents au Congo depuis 1885 est congolaise. Cette loi a provoqué de vives tensions au Nord-Kivu, car elle excluait un certain nombre de ressortissants du Ruanda-Urundi. Ensuite, en 1991, les enfants des réfugiés rwandais de l’Ouganda ont commencé une guerre contre le Rwanda, atteignant une distance de 70 kilomètres de Kigali pour faire tomber Kigali, qui était alors sous le régime du président Habyarimana. Mobutu, président du Zaïre (ex-Congo-Belge), envoie ses troupes sous le commandement du général Mayele intervenir aux côtés de l’armée rwandaise, repoussant jusqu’à la frontière ougandaise l’armée des enfants réfugiés rwandais connue sous le nom d’APR (Armée patriotique rwandaise), dirigée par Paul Kagame et son allié James Kabarebe. C’est ainsi que le Congo s’est retrouvé impliqué dans le problème rwandais.

En 1986, Yoweri Museveni organise une rébellion et prend le pouvoir par un coup d’État à Kampala, en Ouganda. Cependant, il est sorti du bois avec plus de 20 000 soldats, dont 5 000 étaient rwandais, y compris les enfants des réfugiés rwandais en Ouganda. Lorsque Museveni est arrivé au pouvoir, il a commencé à remercier ses soldats en les plaçant au sein de l’État, comme dans le cas de Fred Rugema, un Rwandais qui avait été son ami au front, nommé vice-ministre de la défense et chef d’état-major adjoint en Ouganda, puis du major Paul Kagame nommé chef du renseignement militaire et enfin de James Kabarebe comme officier de renseignement dans l’armée ougandaise.

KIWANJA, RD CONGO – 07 NOVEMBRE : (ISRAEL OUT) Des civils se rassemblent dans un camp de réfugiés près d’un camp de maintien de la paix des Nations Unies, le 7 novembre 2008 à Kiwanja, en République démocratique du Congo. Plus de 250 000 personnes ont été déplacées par les combats entre les rebelles du CNDP et l’armée au cours des dernières semaines. Selon les rapports, la violence continue malgré un cessez-le-feu déclaré par le chef des rebelles (CNDP), le général Laurent Nkunda, dont l’objectif déclaré est de défendre la minorité tutsie du Congo contre les milices hutues et de faire tomber un gouvernement corrompu. (Photo par Uriel Sinai/Getty Images)

LES ENFANTS DES RÉFUGIÉS RWANDAIS

Dans le même temps, les Ougandais commençaient à se plaindre de la présence encombrante des Rwandais dans leur système politique. D’où la volonté du président ougandais d’aider ses amis rwandais à reconquérir leur pays, le Rwanda. Fred Rugema, Paul Kagame et James Kabarebe créent le FPR (Front patriotique rwandais) et son bras armé, l’APR (Armée patriotique rwandaise), qu’ils décident d’attaquer le 1er octobre 1990 avec plus de 3 000 hommes. Le lendemain, 2 octobre, leur chef Fred Rugema est tué parmi les soldats de l’APR. Museveni, qui a soutenu la rébellion rwandaise, fait appel à son protégé, le major Paul Kagame, qui se trouve aux États-Unis pour un entraînement militaire. Paul Kagame est rappelé pour poursuivre la rébellion au sein de l’APR.

C’est cette situation qui a poussé les enfants des réfugiés rwandais qui avaient formé une armée en Ouganda à revenir une nouvelle fois pour libérer le Rwanda, ce qui a conduit au génocide rwandais entre Hutus et Tutsis. James Kabarebe et l’APR (Armée patriotique rwandaise) de Paul Kagame reprennent le pouvoir à Kigali. A la fin de cette guerre ethnique, certains Rwandais se sont réfugiés en Zambie, en Tanzanie et au Congo, plus précisément au Nord et au Sud-Kivu.

LES GUERRES DU KIVU ET L’EXPANSION DES PROVINCES

Rappelons qu’avant l’indépendance, le Congo-Belge (le Ruanda-Urundi y compris) comptait 7 provinces, puis 6 provinces après l’indépendance : Léopoldville, Equateur, Province Orientale, Kivu, Kasaï et Katanga. D’où les 6 étoiles sur le drapeau de l’indépendance. L’autre province, le Ruanda-Urundi, a été retirée par les Belges.

A la suite d’une guerre à l’intérieur du pays entre les Luba près de la rivière Mbuji-Mayi et un autre près de la rivière Lulua, tous ressortissants de Kananga. Les Luba de Mbuji-Mayi ont exprimé leur désir de créer une province pour ne plus cohabiter avec ceux de Lulua. Et Mobutu, en bon juge, décida de diviser la province du Kasaï en deux : Le Kasaï Oriental et le Kasaï Occidental. Léopoldville, la capitale, est également divisée en trois provinces : Kinshasa, Bandundu et Bas-Congo. En 1988, le pays comptait déjà plus de 9 provinces, mais cela semblait encore trop pour le président, qui proposait encore un découpage expérimental. C’est alors qu’un certain Kitima Bin Ramazani décide que l’expérience doit commencer par les provinces du Kivu, qui sera ensuite divisé en trois parties : Maniema, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Après cette division, le Zaïre comptait exactement 11 provinces.

LE NORD KIVU, SA REFORMATION ET SES PEUPLEMENTS

Le Nord-Kivu comptait 6 territoires, dont : Walikale, Masisi, Nyiragongo, Rutshuru, Rubero et Beni. Et ses trois villes : Rubero, Butembo et Beni. Les localités du Nord-Kivu sont : WALIKALE (Tembos, Humus, Niangas, Mbutis, Hundés, Regas et Kusus). MASISI (Hundés, Tutsis, Hutus, Mbutés et Tembos) NYIRAGONGO (Humus, Hutus, Tutsis) RUTSHURU (Hutus, Tutsis, Nandés, Hundés et Tuas) RUBERO (Nandés) BENI (Nandés).

LES FAMEUSES GUERRES DU KIVU

En 1993, la tension monte au sein de la population autochtone contre tous ceux qui parlent le kinyarwanda, qu’ils considèrent comme des étrangers. Certains autochtones accusent les Banyarwanda d’avoir profité de la position de Bisengemana dans le cabinet de Mobutu pour bénéficier de terres et de plantations. De même, les autochtones rappellent aux Banyarwanda qu’ils n’ont pas le droit de nommer les chefs coutumiers. Étant donné que les Banyarwanda avaient une vie plus stable que certains autochtones, cela a créé un problème de jalousie. Outre les problèmes fonciers et économiques. La tension monte entre les peuples du Kivu.

Après la conférence nationale, des élections ont été programmées pour 1994. Pendant cette période, les autochtones ne faisaient toujours pas confiance aux banyarwandas pour voter de peur de perdre leur influence politique, étant donné que les banyarwandas s’en sortaient bien dans la vie de tous les jours. C’est alors que le 20 mars 1993, au marché de Ntoto, de jeunes niangas (milices nianga) ont commencé à massacrer des banyarwandas (hutus et tutsis). C’est ainsi que débute la première guerre au Nord-Kivu. Cette situation de guerre a amené chaque tribu à former sa propre milice pour se protéger. Les niangas avaient ce qu’ils appelaient : les Katukos ; les hundés l’appelaient : les mayimayis ; les nandés l’appelaient : les ngilimas ; puis les hutus ont créé une mutuelle qu’ils appelaient : Magrivi (Mutuelle Agricole de Virunga) et les hutus et les tutsis du Nord-Kivu se sont réunis pour créer une mutuelle qu’ils ont appelée : UMOJA.

LA PREMIÈRE GUERRE DU KIVU

La première guerre au Nord-Kivu a opposé les tribus autoproclamées autochtones aux Banyarwandas. Cette guerre a duré de 1993 à 1994, causant d’énormes pertes de villages, des pillages, des destructions de champs et des civils s’entretuant à l’arme blanche. Les gens se sont regroupés par tribu. La guerre a fait plus de 7 000 morts et 200 000 déplacés, selon les rapports des ONG impliquées dans la sensibilisation à la nécessité du dialogue plutôt que de la guerre.

Les ONG ont qualifié l’armée du gouvernement MOBUTU de complice, n’étant pas intervenue dans tous les massacres du pays. Elles avancent des arguments tels que le fait que le gouvernement MOBUTU a laissé régner le chaos, pour justifier ce que serait le pays s’il le quittait pour faire place à la démocratie. MOBUTU a toujours dit qu’avant son arrivée, le CONGO était dans le chaos, et que c’est lui qui avait ramené l’ordre, donc s’il partait, le pays replongerait dans le chaos. Cependant, dans la capitale zaïroise, la pression est sur MOBUTU pour instaurer le multipartisme et la démocratie.

La situation s’est aggravée après la mort du président rwandais Habyarimana, lorsque l’APR a abattu son avion. Cela a conduit au génocide rwandais, qui a coûté la vie à plus de 800 000 personnes, en grande majorité des Tutsis. Ces derniers ont également été massacrés par les Hutus au Rwanda. Puis, le 10 avril 1994, l’APR de Paul Kagame a repris la guerre, alors qu’elle avait accepté un cessez-le-feu, car elle ne cautionnait pas l’extermination des Tutsis. Paul Kagame prend le pouvoir par un coup d’État et près de 1 200 000 Rwandais traversent la frontière du Congo, 750 000 autres s’installent au Nord-Kivu pour échapper à l’extermination perpétrée par Paul Kagame. L’arrivée de tous ces réfugiés a influencé ce que l’on appelle la deuxième guerre du Kivu.

LA DEUXIÈME GUERRE DU KIVU

Lorsque les Rwandais se sont réfugiés au Kivu, il y avait aussi des militaires qui n’avaient pas été désarmés. Dans les camps de réfugiés, ils ont créé une organisation appelée G.R.E. (Gouvernement rwandais en exil), où ils ont pu réorganiser leur état-major tout en réorganisant leur armée au Congo. Et pour couronner le tout, ils ont créé un mouvement ou un parti politique qu’ils ont appelé le RDR (Rassemblement pour le retour et la Démocratie au Rwanda). En fait, ils ont décidé de relancer deux guerres :

La première guerre consistait à poursuivre la guerre au Rwanda, et s’ils étaient attaqués, ils se repliaient dans les camps de réfugiés du Kivu. Ainsi, dans la nuit du 12 avril 1995, l’Armée patriotique rwandaise a attaqué le camp de réfugiés de Birava, puis le 8 mai 1995, les camps de Kigamiro. L’armée zaïroise de MOBUTU a constaté que l’Armée patriotique rwandaise exagérait en n’attaquant que les réfugiés au Zaïre. Les soldats de MOBUTU ont franchi la frontière pour attaquer la ville de Bugarama en 1995.

La deuxième guerre a consisté à conquérir et à nettoyer les ethnies qui luttaient contre leurs frères banyarwanda (Hutus et Tutsis). C’est alors que les Tutsis du Congo ont apprécié le renfort que leurs frères leur avaient apporté. Alors qu’ils avaient du mal à se défendre, n’ayant que des flèches et des couteaux, ils ont apprécié que l’armée des réfugiés dans les camps dispose de véritables armes de guerre. C’est ainsi qu’ils se sont divisés en quatre groupes : les groupes hutus (les banyarwandas hutus de Masisi et Magrivi) ; les groupes tutsis (les banyarwandas tutsis, qui ont éclaté entre les banyarwandas hutus à la suite de conflits ethniques) ; les groupes autochtones (les niangas, les hundés, les tembos et les nandés), généralement appelés mayimayis ; et les groupes militaires de l’armée zaïroise.

L’armée zairoise surveille les réfugiés. (Photo by Jacques Langevin/Sygma/Sygma via Getty Images)

LES CONSÉQUENCES DE LA DEUXIÈME GUERRE DU KIVU

Les populations de Masisi et de Walikale ont vécu l’enfer des massacres, des pillages et des représailles. La deuxième guerre du Kivu a fait plus de 30 000 morts et 250 000 déplacés. Mais les vainqueurs de cette guerre sont les Hutus, qui commencent à imposer leur loi dans le silence de l’armée zaïroise. Par la suite, le gouvernement et l’armée ont lancé des opérations pour stabiliser ces zones de guerre, mais en vain. Ils ont lancé les opérations KIMYA et MBATA. Cela montre que les autorités zaïroises étaient déterminées à rétablir la paix, même si elles n’y sont pas parvenues.

Par ailleurs, les Tutsis du Nord-Kivu, se sentant en insécurité dans leurs territoires, sont retournés dans la ville de Goma, tandis que plus de 150.000 se sont réfugiés au Rwanda, de leur plein gré. Après ces départs, les autochtones ont commencé à expulser les Tutsis. Par conséquent, certains d’entre eux ont fondé des familles au Congo et ne voulaient plus retourner au Rwanda, non seulement parce qu’ils n’y connaissaient plus personne, mais aussi parce qu’ils se considéraient plus congolais que rwandais.

LES TENTATIVES D’EXPULSION DES RÉFUGIÉS

Décidément, le gouvernement congolais envisage d’expulser les réfugiés, tandis que plusieurs groupes s’opposent à l’idée d’expulser les réfugiés vers le Rwanda, sous prétexte que ces réfugiés ne seront pas en sécurité au Rwanda. Enfin, le gouvernement de Paul Kagame à Kigali refuse catégoriquement ce retour car il les considère comme des traîtres. (…) Entre 1992, 1993 et 1994, alors que l’armée patriotique de Kagame combattait au Rwanda, l’APR a recruté quelques soldats pour rejoindre ses rangs. L’APR a recruté quelques militaires au Congo, certains Banyamulenge, d’autres Tutsi du Nord-Kivu, et a également réussi à recruter des Congolais (Zaïrois à l’époque) de la région du Kivu, dont le plus connu était un certain Anselme Masasu (qui fondera l’AFDL quelques années plus tard).

Ceci a conduit à l’émergence de plusieurs mouvements et groupes rebelles pro-rwandais au Kivu, tous dirigés par d’anciens soldats recrutés par l’Armée patriotique rwandaise (APR). C’est le cas par exemple du CNDP : Laurent Kunda ; Bosco Taganda ; Sultani Makenga ; Mutebuzi, tous anciens soldats recrutés par l’APR, revenus au Congo et utilisés par le gouvernement de Kigali pour servir ses ambitions. Notez bien : lorsque les réfugiés rwandais ont voulu entrer au Zaïre (aujourd’hui Congo), le gouvernement de Mobutu n’était pas d’accord et les a bloqués jusqu’à ce que la France intervienne, exerçant une pression énorme sur Mobutu pour qu’il laisse entrer les réfugiés. Les Français ont même mis en place l’opération Turquoise, basée à Goma, pour faciliter l’entrée des réfugiés rwandais.

Il faut également rappeler que Mobutu et son Premier ministre Kengo Wa Dondo ont informé la France que les conventions internationales stipulent que le pays qui accueille des réfugiés a le droit de les éloigner de 50 kilomètres de leurs frontières respectives. Comme il y avait toujours des réfugiés rwandais qui traversaient les frontières, le Zaïre a demandé de l’aide pour installer ces réfugiés et désarmer les militaires. Le Zaïre demande un budget de 450 000 000 USD pour relocaliser 1 200 000 réfugiés rwandais et désarmer les militaires hutus. La France et les organisations internationales, souvent désignées sous le nom de Comité international, se sont engagées à verser cette somme, mais le Zaïre ne l’a malheureusement pas reçue.

TEBERO, RD CONGO – NOVEMBRE 06 : (ISRAEL OUT) Les forces du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) défilent lors d’une démonstration de force pour les médias près du quartier général du CNDP, le 6 novembre 2008 à Tebero, en République démocratique du Congo. Plus de 250 000 personnes ont été déplacées par les combats entre les rebelles du CNDP et l’armée au cours des dernières semaines. Malgré le cessez-le-feu déclaré par le chef des rebelles du CNDP, le général Laurent Nkunda, ses forces tenteraient toujours de défendre la minorité tutsie du Congo contre les milices hutues (Photo par Uriel Sinai/Getty Images).

LA SITUATION DU SUD-KIVU

Au Sud-Kivu, hormis le fait qu’il y a eu des troubles en 1960 au moment de l’indépendance, le Sud-Kivu est resté calme. Le Sud-Kivu est resté calme. Les populations qui composent le Sud-Kivu sont : les bembés, les bashis, les regas, les puleros, les havus, les tembos, les nyindus, les viras, les banyamulenges, les rundis (les rundis sont ceux qui parlent le rundi, la langue du Burundi, et qui se sont retrouvés au Congo suite à la coupure des frontières lors des conférences de Berlin). Le Sud-Kivu s’étend sur 69 130 km², comprenant 8 territoires et 4 villes. Le Sud-Kivu a été calme pour quatre bonnes raisons :

Première Raison : Les Banyarwandas du Sud-Kivu comprennent des Congolais d’origine rwandaise. Les Banyarwandas du Sud-Kivu sont appelés Banyamulenges. Les Banyamulenges ne sont pas aussi nombreux que les Banyarwandas du Nord-Kivu. Les Banyamulenges forment une petite communauté.

Deuxième Raison : Les Banyamulenges ne vivent pas ou ne sont pas dans une région limitrophe du Rwanda.

Troisième Raison : La densité de population dans le Sud-Kivu est très faible par rapport au nombre d’habitants.

Quatrième Raison : Il n’y a pas de grandes plantations dans le Sud-Kivu, la terre n’est donc pas un problème.

LA SITUATION SE DÉGÉNÈRE AU SUD-KIVU

L’arrivée des réfugiés burundais au Sud-Kivu entre 1993 et 1994. Le 1er juin 1993, des élections présidentielles ont eu lieu au Burundi. Le candidat hutu Melchior Ndadaye l’emporte et le président tutsi sortant Pierre Buyoya reconnaît la victoire de Ndadaye. Le 21 octobre 1993, des extrémistes tutsis au sein de l’armée burundaise ont tué le président Melchior Ndadaye et ses aînés pour tenter de reprendre le pouvoir.

La population se révolte et quelque 170 000 Burundais se réfugient au Sud-Kivu, où ils créent un mouvement appelé CNDD-FDD en 1994. La même année, plus de 380 000 Rwandais se sont réfugiés au Sud-Kivu. Au même moment, les Banyamulenges, qui vivaient paisiblement au Sud-Kivu, se sont sentis insécurisés par la présence des réfugiés, qu’ils qualifiaient de génocidaires. Dans ces circonstances, des milices ont commencé à se former au Sud-Kivu, chaque tribu constituant sa propre petite armée d’autodéfense, au cas où. C’est ainsi que les guerres ont commencé.

Au Sud-Kivu, cependant, les réfugiés comprennent quelques soldats ougandais et rwandais. Les armées rwandaise et ougandaise ont commencé à attaquer ces réfugiés, qui créaient des milices au Zaïre. Cela a créé un désordre général dans le Sud-Kivu. Ce désordre a influencé la création d’une plate-forme regroupant quatre mouvements rebelles, appelée AFDL (Alliances des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), qui a été créée par les milices Banyamulenges le 6 octobre, lorsqu’elles ont attaqué la ville de Lemera, et le 18 octobre, dans la ville de Lemera, l’AFDL a été créée par quatre mouvements, dont : PPR (parti de Laurent Désiré Kabila, créé en 1967) ; CNRD (parti d’André Kisase Ngalu) ; MRLZ (parti de Masasu) et ADP (parti de Déogracias Bugera).

(Laurent Désiré Kabila haranguant ses troupes (Photo by Patrick ROBERT/Sygma via Getty Images)

RÉBELLIONS DE L’AFDL

Laurent Désiré Kabila, ancien lumumbiste qui a participé à la guerre de reddition contre les troupes de Moise Tshombe en 1960 et 1961. Puis, en 1964, il était avec la milice Simba au Gwenie, ce qui a fait de lui une figure bien connue de la sphère politique. Et comment a-t-il amené l’AFDL à Kinshasa ?

Il est à noter qu’il était soutenu par une commission régionale composée de plusieurs pays, dont la Tanzanie, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Zambie, le Zimbabwe et la Namibie. L’objectif de cette organisation était de veiller à ce qu’il n’y ait pas de génocide en Afrique. D’où leur motivation à évincer Mobutu, sous prétexte qu’il avait influencé et participé à plusieurs génocides dans la région, dont le génocide rwandais et le génocide des Banyarwandas au Congo. La commission régionale était présidée par Julius Nyerere, président de la Tanzanie.

C’est en Tanzanie que Mzee Laurent Désiré Kabila a passé le plus de temps pour sa formation militaire. Julius Nyerere le connaissait suffisamment pour le soutenir ou plaider sa cause au sein de l’organisation. Julius Nyerere a ensuite présenté Laurent Désiré Kabila à Yoweri Museveni puis à Paul Kagame. Chacun de ces deux présidents a présenté son plan à Laurent Désiré Kabila. Pour Museveni, il s’agissait de nettoyer les camps militaires des réfugiés ougandais se cachant au Congo, et pour Kagame, il s’agissait tout simplement de détruire les camps de réfugiés, car ils représentaient une menace comme une bombe à retardement pour son pays.

LA CONQUÊTE QUI MÈNE À KINSHASA

Le 19 octobre, l’AFDL prend la ville d’Uvira et le chef d’état-major de l’armée zaïroise publie un communiqué accusant directement ou pointant du doigt le Rwanda pour son implication dans la rébellion et déclare la province du Sud-Kivu en guerre. Depuis Kinshasa, Mobutu a nommé deux gouverneurs militaires pour les provinces du Nord et du Sud-Kivu afin de gérer la guerre. Le général Ngwala Mpanzu est nommé gouverneur du Nord-Kivu et le général Michel Elese gouverneur du Sud-Kivu.

Le général, nommé le 25 octobre, était déjà à Bukavu le 28 octobre, et le 29 octobre il a organisé une cérémonie de passation et de reprise avec le gouverneur civil en place. A la fin de la cérémonie de passation, le gouverneur Elese a tenté de rentrer chez lui, mais il a été informé que les rebelles étaient déjà à Bakavu. Le général Elese quitte Bukavu précipitamment, car le soir même, Bukavu tombe aux mains des rebelles et l’archevêque de Bukavu est tué par les rebelles. Trois jours plus tard, la ville de Goma tombe aux mains des rebelles. Les guerres ont pris des proportions incroyables car les rebelles de l’AFDL étaient soutenus par les forces armées rwandaises et ougandaises, ainsi que par certains Congolais du Masisi entraînés par les rebelles rwandais.

L’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS

Du côté du gouvernement de Mobutu se trouvaient les FAZ (Forces armées zaïroises), fortes de plus de 50 000 hommes, dont 15 000 combattants de la DSP (Division spéciale présidentielle), et les SARM (Services d’actions et de renseignements militaires), forts de plus de 3 000 hommes. Malgré quelques problèmes internes, les forces armées zaïroises se sentent négligées au détriment de la Division Spéciale Présidentielle, que beaucoup considèrent comme privilégiée. Les forces armées zaïroises comprenaient également les ex FAR (anciens soldats des forces armées de l’ancien président rwandais Habyarimana, réfugiés au CONGO), au nombre de 40 000.

Du côté des rebelles de l’AFDL, il y avait 1 700 combattants banyamulenges, 600 combattants de l’AFDL dirigés par Kisase Ngalu, et plus de 10 000 soldats congolais et rwandais venus du Rwanda pour soutenir les rebelles de l’ADFL, puis des mercenaires venus de toute l’Afrique, dont le but était de renverser Mobutu, et enfin les gendarmes katangais (gendarmes congolais de l’armée angolaise) envoyés par le gouvernement angolais. L’AFDL est l’alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, mais son armée est composée de toutes les forces d’Afrique.

L’ARMÉE DE 47 000 HOMMES ARRIVE À KINSHASA

Laurent Désiré Kabila prononce un discours depuis Bukavu dans lequel il appelle les jeunes à rejoindre l’AFDL, car il a besoin d’une armée de plus de 100 000 hommes, son objectif étant d’atteindre Kinshasa à pied, province par province. Malheureusement, connaissant Mobutu, les gens ne l’ont pas pris au sérieux. Les gens pensaient qu’ils n’allaient être écrasés qu’au Kivu par l’armée zaïroise. Beaucoup n’ont pas pris Laurent Désiré Kabila au sérieux.

Et en janvier, alors que des villes commençaient à tomber aux mains des rebelles de l’ADFL, un mini-congrès a été organisé à Goma. Un mini-congrès a été organisé à Goma, au cours duquel plusieurs partenaires de l’AFDL ont décidé de cibler Kinshasa comme prochaine destination. Les villes sont ensuite tombées aux mains des rebelles. Isiro est tombée le 13 février 1997 et la ville de Kisangani, dont le Premier ministre du Zaïre, Kengo Wa Dondo, disait qu’elle ne tomberait jamais, est tombée aux mains des rebelles le 15 mars 1997.

A Kinshasa, Mobutu, convalescent, nomme Etienne Tshisekedi premier ministre afin qu’il puisse combattre les rebelles avec une politique stratégique, et Tshisekedi réserve six postes de son gouvernement aux rebelles de l’ADFL. Mobutu démet alors Tshisekedi de ses fonctions pour avoir laissé des postes de son gouvernement aux rebelles. Le général Likulia est nommé Premier ministre par Mobutu pour remplacer Tshisekedi. Pendant ce temps, les villes continuent de tomber aux mains des rebelles de l’ADFL. Mbuji-Mayi tombe le 31 mars, Kamina le 7 avril, Kananga le 12 avril et Kikwit le 29 avril.

LA SITUATION À KINSHASA (Photo par © Patrick Robert/Sygma/CORBIS/Sygma via Getty Images)

LE CHOC DE KENGE

Une bataille féroce a éclaté entre les rebelles de l’AFDL et l’armée zaïroise à Kenge. Cet affrontement a coûté cher aux rebelles de l’AFDL, même s’ils ont pu remporter la bataille et s’emparer de Kenge. Kenge étant proche de Kinshasa, Mobutu prépare déjà sa chute et son départ de la capitale. Certains de ses collaborateurs accusent le général des forces armées zaïroises d’avoir trahi Mobutu en donnant aux rebelles le plan de la ville.

C’est pourquoi, le 16 mai, alors que Mobutu quittait Kinshasa à bord d’un avion à l’aéroport de N’djili, au moment de l’embarquement, la première dame Bodi Ladawa est revenue dire au général Mayele : “Donatien, tout ce que Papa a fait pour toi, c’est comme ça que tu nous remercies ? Merci.” Donatien est le prénom du général Mayele. Puis, dans la nuit du 16 mai, le général apprend qu’il y a des tensions dans le camp des forces armées zaïroises appelé Camps Tshatshi. Il tente d’intervenir, mais l’ambassadeur de France, proche du camp, lui interdit de s’y rendre. A son arrivée, un soldat a tué le général Mayele. La veille, Laurent Désiré Kabila s’était proclamé président du pays.

Mobutu arrive à Gbadolite le 16 mai, puis son fils Kongolo Mobutu et ses frères passent par Brazzaville et appellent son père pour qu’il envoie un avion les rejoindre à Gbadolite. L’avion quitte Gbadolite et arrive à Brazzaville. Le pilote informe Kongolo Mobutu que votre père n’est plus président et que nous n’allons pas obéir à vos ordres. Mobutu négocie alors avec Eyadéma, lui demandant d’envoyer un autre avion pour transporter ses enfants. Le 17 mai, l’ADFL prend le contrôle de Kinshasa et Mobutu quitte Gbadolite pour le Togo puis le Maroc.

LE PROBLEME DES ACCORDS DE SUN CITY ET LES GUERRES SANS FIN AU KIVU

Le problème entre la République démocratique du Congo et le Rwanda a été traité avec délicatesse, en tenant compte des problèmes internes des Banyarwandas et des Banyamulenges. Les accords de Sun City ont réglé la question de la nationalité. Ces accords stipulent que désormais, pour être citoyen congolais, il faut avoir des parents ou des grands-parents qui se trouvaient au Congo le 30 juin 1960.

Le problème actuel est que l’État congolais est devenu trop faible, et quand on est faible, les voisins qui ont des ambitions essaient d’en profiter, parce qu’ils savent que le Congo a des ressources naturelles qu’il ne peut pas protéger ou exploiter. C’est pour cela qu’il y a toujours des guerres, parce que nos voisins savent que nous avons du mal à protéger nos frontières et encore moins nos ressources naturelles. La solution ultime pour sécuriser la partie orientale de la République démocratique du Congo est que l’État congolais devienne ou redevienne une force administrative et militaire.

LES ACCORDS OU LE PACTE AVEC LE DIABLE

Depuis la signature d’accords avec le M23 en 2009, les choses vont mal pour le Congo. L’accord du 23 mars 2009 : Il s’agit de l’accord signé sous le gouvernement Muzito I (octobre 2008 à février 2010) entre le gouvernement de la R.D. Congo, représenté par M. Raymond Tshibanda N’tungamulongo, alors ministre de la Coopération internationale et régionale, et le groupe rebelle Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) dirigé par le célèbre chef de guerre Laurent Nkunda.

L’accord a été signé devant un témoin de marque, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, alors envoyé spécial des Nations unies pour la crise congolaise. Aux termes de l’accord, il est “reconnu que les Rwandais ont le droit d’être Congolais, d’être candidats et élus, et de participer à la vie politique congolaise“. Avant de l’autoriser à signer, l’envoyé spécial de l’ONU a demandé trois fois au ministre Tshibanda, le représentant congolais : “Acceptez-vous de signer “tel” accord ?“. Par trois fois, M. Tshibanda a répondu : “Oui, j’accepte“. Avec regret, M. Obasanjo a dit : “Monsieur le Ministre, votre pays aura des problèmes ! Le sort (de la RDC) était scellé ! comme disent les Romains.

Comment comprendre ou expliquer le comportement de ce ministre, qui a fait de brillantes études universitaires au Congo et aux Etats-Unis, qui a travaillé pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés et qui connaît toutes les recommandations de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1991, dans ce que l’on peut considérer ici, sans aucun doute, comme une haute trahison de son pays ? Ses actions ont causé des pertes à toute la nation congolaise, y compris à lui-même. Selon Carlo M. Cipolla, il s’agit d’un cas de stupidité absolue au sommet de l’Etat !. L’accord du 12 mai 2012 a été signé à Gisenyi/Rubavu, au Rwanda, sous le gouvernement de Matata Ponyo.

TEBERO, RD CONGO – NOVEMBRE 06 : (ISRAEL OUT) Un membre du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) participe à une démonstration de force pour les médias près du siège du CNDP le 6 novembre 2008 à Tebero, en République démocratique du Congo. Plus de 250 000 personnes ont été déplacées par les combats entre les rebelles du CNDP et l’armée au cours des dernières semaines. Malgré le cessez-le-feu déclaré par le chef des rebelles du CNDP, le général Laurent Nkunda, ses forces tenteraient toujours de défendre la minorité tutsie du Congo contre les milices hutues (Photo par Uriel Sinai/Getty Images).

LE GENOCIDE A L’EST DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Depuis près de trente ans, cette région riche en ressources est le théâtre d’un conflit complexe et meurtrier impliquant une multitude de groupes armés, de milices et de forces gouvernementales.

Le bilan humain est effroyable :

  • Plus de 15 millions de morts, faisant de ce conflit l’un des plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale ;
  • Des millions de personnes déplacées et vivant dans des conditions précaires ;
  • Des violences sexuelles systématiques utilisées comme arme de guerre, avec des estimations atteignant 200 000 victimes ;
  • Des villages entiers rasés, des populations massacrées, des enfants enrôlés de force dans les groupes armés.

Le contexte historique est tout aussi crucial pour comprendre la complexité de la situation :

  • L’héritage colonial : La colonisation belge a profondément marqué le pays, en exacerbant les divisions ethniques et en créant un système d’exploitation des ressources naturelles ;
  • L’instabilité politique : L’indépendance du Congo en 1960 a été suivie par une succession de régimes autoritaires et corrompus, incapables de garantir la sécurité et la justice pour la population ;
  • La prolifération des groupes armés : De nombreux groupes armés, locaux et étrangers, se sont constitués au fil des années, exploitant les tensions ethniques et l’anarchie pour s’approprier les richesses de la région ;
  • L’implication des pays voisins : Le Rwanda et l’Ouganda soutiennent des groupes armés dans l’Est de la RDC, alimentant ainsi le conflit.

Les semblants d’efforts se multiplient du côté de la communauté internationale, la situation reste donc inextricable. Cet article vise à éclairer les causes profondes de ce conflit, à décrire ses conséquences dévastatrices et à lancer un appel urgent à l’action pour mettre fin à ce génocide oublié du monde.

LES ENNEMIS DU CONGO ET LEURS MOTIVATIONS PROFONDES

Le génocide à l’Est de la RDC ne peut être compris sans analyser les intentions et les motivations de ses ennemis. La mort tragique de Laurent Désiré Kabila s’inscrit dans une lignée funeste qui a déjà coûté la vie à Lumumba, ceux qui ont orchestré l’assassinat de Lumumba ont également orchestré la chute de Mobutu.

Ces événements ne sont pas des coïncidences, mais plutôt les éléments d’un plan machiavélique visant à déstabiliser et à balkaniser la RDC. Les ennemis du Congo convoitent ses richesses naturelles et sa culture unique, ils estiment que le pays est trop vaste pour être géré par les Congolais et aspirent à le diviser en plusieurs États plus faciles à contrôler. Leur vision du Congo est celle d’un pays fragmenté et appauvri, incapable de se défendre et de jouir de sa pleine souveraineté.

Le chaos actuel dans le Kivu est attisé par ces ennemis qui cherchent à créer un sentiment de désespoir et d’impuissance au sein de la population, ils espèrent ainsi que le Congo se résignera à se débarrasser de l’Est du pays (la région la plus riche et la plus convoitée).

LA BALKANISATION

Leur plan final est clair : LA BALKANISATION du Congo. Ce plan diabolique est en marche depuis des décennies et a déjà coûté la vie à des millions de Congolais, ils sont à la croisée des chemins, Ils doivent choisir entre la soumission et la résistance. Le peuple congolais a le droit et le devoir de se défendre contre ses ennemis et de préserver l’unité et l’intégrité de son territoire.

Seul un engagement ferme et solidaire permettra de mettre fin à ce cycle de violence et de garantir un avenir meilleur pour la RDC. N’oublions jamais que le Congo est un pays riche et puissant avec un peuple courageux et déterminé. Ensemble, nous pouvons vaincre ses ennemis et construire un avenir de paix et de prospérité pour tous les Congolais.

ÉTATS-UNIS – 13 SEPTEMBRE : le président George W. Bush (2e à partir de la droite) est assis avec le président Joseph Kabila de la République démocratique du Congo, le président sud-africain Thabo Mbeki et Paul Kagame, président du Rwanda (de gauche à droite), avant une réunion bilatérale avec des chefs d’État africains au Waldorf-Astoria (Photo by Harry Hamburg/NY Daily News Archive via Getty Images).

QUEL EST LE RÔLE DU RWANDA ET DE PAUL KAGAME DANS TOUT CELA ?

Ce génocide est une tragédie humaine aux multiples ramifications. Nous sommes dans l’obligation de vous décrire ici tous les acteurs du conflit et de vous informer du rôle que joue le président rwandais Paul Kagame. Premièrement, nous avons le mouvement 23 Mars (M23) : un groupe rebelle soutenu par le Rwanda, dirigé par Sultani Makenga. Deuxièmement nous avons les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle hutu rwandais basé en RDC. Troisièmement nous les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe rebelle ougandais d’inspiration islamiste. Le Rwanda est accusé de soutenir le M23, en violation du droit international et des déclarations officielles. Le président rwandais Paul Kagame est quant à lui accusé d’instrumentaliser le génocide pour ses ambitions politiques et économiques.

VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS

Massacres de civils, exécutions sommaires, viols systématiques, pillages et tortures. Enrôlement d’enfants dans les groupes armés. Destruction systématique de villages et de biens. En sachant tout ça, nous devons garder à l’esprit que la situation à l’Est de la RDC est complexe et que les responsabilités ne sont pas uniquement imputables au Rwanda et au M23. Le gouvernement congolais, les groupes armés locaux et la communauté internationale ont également un rôle à jouer dans la résolution de ce conflit. La communauté internationale doit se mobiliser pour mettre fin à ce génocide et traduire les responsables en justice.

C’est notre devoir de sensibiliser le public, de plaider pour la justice, de soutenir les victimes et de nous engager personnellement pour mettre fin à ce génocide. Malgré la situation actuelle, nous devons garder espoir pour d’un avenir meilleur pour les habitants de la partie Est de la RDC. Avec la mobilisation de la communauté internationale et l’engagement de tous, c’est possible de mettre fin à ce cycle de violence et de construire un avenir de paix et de prospérité pour la région.

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