LE DEBUT DE L’EPOPEE
Marcus Mukinayi et José Batoka, tous deux issus de la commune de Matete en République Démocratique du Congo, ont toujours été baignés dans la culture urbaine et populaire depuis leur plus jeune âge. Cette exposition à la vie urbaine ainsi qu’à la musique locale ont fortement influencé leur parcours artistique et leur amour pour le rap.
À travers leur création musicale, MPR a su utiliser le rap pour raconter les histoires de leur vie quotidienne dans la rue et exprimer leurs opinions sur les problèmes sociaux et politiques du Congo. De plus, la musique a joué un rôle crucial dans leur vie en tant que vecteur d’expression et de revendication de leur identité. Ils ont réussi à se démarquer dans le paysage hip-hop congolais en offrant une musique authentique et critique, et en mettant en avant les préoccupations de la jeunesse urbaine de la RDC. Leur parcours est un exemple inspirant pour tous les jeunes qui souhaitent exprimer leur créativité à travers la culture hip-hop.
Le nom du groupe, qui signifie “Musique Populaire de la Révolution“, fait référence au parti politique unique qui a régné sous la dictature de Mobutu dans les années 70 et 80 en République Démocratique du Congo. Alors que la signification exacte de cette référence est inconnue, il est largement perçu que le groupe apporte une certaine influence dictatoriale dans le monde du rap congolais d’autant plus que leur style unique apporte un mélange de couleurs de l’époque coloniale avec des samples de chansons rumbas de l’époque, le tout avec une atmosphère très boombap. Le groupe est donc composé de deux membres, Yuma Dash et Zozo Machine, deux des rares rappeurs vivants à Kinshasa qui sont vraiment suivis par le public congolais.
D’une certaine manière, le groupe “MPR” rend hommage au passé tout en apportant une nouvelle approche à la musique congolaise en général et au rap congolais en particulier. Leurs clips et leur image reflètent l’esthétique de l’époque rumba, et leur musique est imprégnée de cette influence tout en étant résolument moderne. Leur impact sur la scène musicale congolaise devient peu à peu considérable et leur popularité grandissante est sans conteste. Ils utilisent leur musique comme moyen de critiquer les injustices sociales et de dénoncer les abus de pouvoir. Ils sont également connus pour leur énergie explosive sur scène.
QUAND LA PLUME S’ELEVE POUR DENONCER LES REALITES SOCIALES CONGOLAISES
Les textes percutants de MPR dénoncent les multiples problèmes de la société congolaise. En effet, les membres du groupe parlent de leur vécu et de celui de la jeunesse kinoise dans leurs chansons, mettant en lumière les difficultés quotidiennes auxquelles ils sont confrontés.
En novembre 2021, la chanson du groupe intitulé “Nini To Sali Te ? (Que n’avons-nous pas fait ?)” a été interdite de diffusion par la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles. Dans cette chanson, le groupe critique le régime en place en faisant référence à la corruption et à l’inefficacité des gouvernements passés. Le morceau a été jugé provocateur et a dérangé le pouvoir en place.
Le groupe MPR exprime également son mécontentement face au manque d’amélioration de la situation politique et économique du pays malgré les promesses de changement faites par les dirigeants en place. Leur message est donc un appel à la conscience collective pour un changement véritable.
Le titre “Tika Biso Tovanda” est un exemple parfait du message que souhaite faire passer le groupe. Ce titre, qui signifie “Laisse-nous tranquille”, témoigne de la difficile vie des jeunes Congolais dans les rues de Kinshasa. Les paroles sont crues, sans détour, et dénoncent l’absence d’une infrastructure solide qui permettrait aux jeunes de s’épanouir. La chanson dénonce également les gouvernements successifs qui ont négligé le sort de la jeunesse, les laissant sans perspective d’avenir.
“Semeki“, un autre titre emblématique du groupe, aborde un autre sujet d’importance en République Démocratique du Congo : les relations amoureuses. Dans cette chanson, MPR dénonce les relations amoureuses éphémères qui n’amènent nulle part. Ils parlent des hommes et des femmes qui changent de partenaire à la moindre occasion, sans jamais attacher d’importance à leur relation amoureuse. Les paroles de la chanson sont tranchantes, elles témoignent d’une certaine réalité dans la société congolaise.
Dans leurs chansons, ils n’hésitent pas à clasher ceux qui sont responsables des problèmes sociétaux de la RDC. Dernièrement, dans leur titre “Makambu“, ils critiquent également les pasteurs qui abusent de leur position de pouvoir et trompent les jeunes filles en leur promettant mariage qui n’arriveront jamais et celles-ci dès que fatiguées mettent sur les réseaux sociaux des sextapes réalisés ensemble avec ces hommes de Dieu.
Les textes des chansons de MPR sont criants de vérité, dénonçant les maux qui minent la société congolaise. Le groupe a su trouver les mots justes pour exprimer les difficultés de la jeunesse congolaise, mettant en lumière l’indifférence des gouvernements successifs et les difficultés de vivre au quotidien dans un pays où les infrastructures font souvent défaut. À travers leurs chansons, MPR donne une voix à ceux qui n’en ont pas, dénonçant l’injustice et défendant les droits des plus vulnérables. En activité depuis 5 ans, ils ont déjà plusieurs titres à succès, hormis cceux cités ci-haut, nous avons “Lobela Ye Français”, “Dollars”, “ECM” ou “Sango nini ?” en feat avec le rappeur congolais évoluant en France, Youssoupha, la liste est non-exhaustive.
En plus de leur engagement social, MPR se vante également d’être le meilleur groupe de rap de la RDC. Si nous ne sommes pas légitimes à les donner ce titre nous reconnaissons au moins que leurs voix puissantes et leurs flow variés et entraînants font d’eux l’un des groupes les plus populaires en RDC.
