L’essence des noms africains authentiques , entre tradition et mission.

Group of happy African children – Ethiopia, East Africa

L’IDENTITÉ TRADITIONNELLE

En Afrique, les noms ne servent pas qu’à distinguer les personnes mais ils représentent une notion sémantique primordiale qui marque le parcours existentiel de chaque personne. Le nom n’est non seulement un mot qui permet de designer ou de distinguer une personne, mais bien au-delà. Comme dans la narration traditionnelle de chaque ethnie des pays d’Afrique subsaharienne, un Nom va au delà de sa définition, parce qu’un nom en plus de permettre à la désignation ou la distinction d’une personne, il représente un code bien crypté qui contient des informations sur la destinée d’une personne pendant sa vie terrestre. Ce qui stipule qu’un nom va jusqu’à répondre à plusieurs préoccupations existentielles.

Dans la tradition de chaque ethnie des pays d’Afrique, le nom peut provenir d’une histoire personnelle, vécue par les parents, d’un désir particulier ou encore bien d’autres expériences de la vie. De ce fait, le nom dans la mentalité africaine peut façonner le caractère de celui qui le porte, forger son identité sociale, voire influencer sa destinée. Raison pour laquelle, la tâche de nommer un enfant, par exemple, n’est pas donnée à tout le monde, mais à celui qui a un pouvoir, une autorité, une influence voire une responsabilité directe sur cet enfant.

De ce fait, le nom est un conducteur qui relie l’individu à sa source originale, c’est-à-dire sa famille, son pays, son village ou son environnement. Par ailleurs dans les traditions d’Afrique, le nom est porteur de programme d’une personne, de sa mission sur cette terre. Les indigènes de l’Afrique subsaharienne donnaient des noms en fonction des problèmes à résoudre. Ils fabriquaient des noms par rapport aux difficultés auxquels ils étaient confrontés. Perçu par certains comme une sorte de superstition, néanmoins les indigènes y croyaient fortement. Dans la logique où l’être qui devait se faire chaire, a été donc l’esprit envoyé par le créateur ou la divinité suprême afin de résoudre ces problèmes. Aucun nom n’était donné au hasard, par exemple: chaque nom contenait son esprit, c’est-à-dire la continuation de la résistance, ou une énergie généalogique de l’arbre ancestral de la personne.

Photographié par Eddie Adams qui illustre le message : Soyez gentils avec vos frères et sœurs, ils sont votre meilleur lien avec votre passé et les plus susceptibles de rester avec vous dans le futur.

LE NOM ET LE PRENOM AFRICAIN

Inacceptable est l’idée d’abandonner le prénom ou le nom africain, car dans la plupart de cas, ce sont des noms qui, comme nous l’avons souligné, répondent à des préoccupations existentielles et ont leur signification et leur histoire dans le vécu personnel des parents. Il voile et dévoile l’être singulier de la personne porteuse. Penser cet abandon signifierait créer une rupture entre le « signifiant et le signifié », ce qui n’est pas évident.

Lorsque les occidentaux sont arrivés en Afrique, ils avaient très bien compris cela. Et ont donc inventé un mécanisme pour tuer spirituellement ou énergétiquement l’identité des indigènes. Ils ont mis en place le: prénom. Ce qui veut dire qu’ils ont entrepris une stratégie permettant aux africains de porter un nom qu’ils utiliseraient en guise de prénoms. Et, ce prénom devrait venir avant les noms traditionnels. Ils ont essayé de reprogrammer les africains afin de devenir des étrangers à eux-mêmes car ils devraient porter des noms étrangers qu’ils devraient utiliser comme prénoms. Certains indigènes étaient contre cette manœuvre, dont certains appelaient: la mort de la conscience spirituelle des africains.

Malheureusement cela a tellement bien fonctionné qu’aujourd’hui, lorsque vous demandez à un africain de la zone d’influence d’Afrique-francophone ou anglophone, son nom, il vous donne son prénom. Il faut réitérer ou insister, en disant que vous demandiez plutôt son nom, pour qu’il vous donne son nom. Tragique, de constater ce signe d’aliénation mentale et du rejet de soi. La majorité des africains trouve que leurs noms sonnent mal. Est-ce parce qu’ils ont été formaté à apprécier le beau selon le regard de l’autre ? Notre réponse, est affirmative.

Photographie de Jeremy Rodney-Hall, réalisé par Josef Adamu, styliste par Habibat Adetonwa-Julmat, Cheveux par Helena Koudou

S’AIMER SOI-MÊME, LA SOLUTION FATALE

Pour en déduire, il n’est donc pas impossible de se retourner sur la bonne voie. Tel qu’à l’époque où Mobutu instaurait Le Recours à l’Authenticité au Zaïre (l’actuelle République démocratique du Congo), une vision qui s’est fixée sur la réappropriation de l’identité culturelle et traditionnelle des Zaïrois. Une preuve de plus afin de comprendre que tout est possible. Comme pour retrouver votre voie, vous devez faire des recherches pour savoir dans votre généalogie, la personne qui a porté votre nom pour la première fois et la vie de la personne. En le faisant, vous comprendrez énormément sur votre nom, en plus de la puissance qu’il en possède ainsi de son influence dans votre vie.

Aujourd’hui, l’état civil impose à tout le monde d’avoir un prénom. Profitez-en pour donner des prénoms africains à vos enfants. Un asiatique ne s’appellera jamais: Dibango, Badjinga, Dialo, Ba, Kasongo, Kouam, Makiese ou Thiam. Un arabe ou européen pareil. C’est primordiale pour les africains de revenir à la source. L’africain doit se réapproprier ses traditions.

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Dans un pays comme le Sénégal, une langue, en l’occurrence le Wolof, s’est imposée à tout le monde, malgré la multiplicité des ethnies dans ce pays. Il suffirait que l’on décide d’enseigner dans cette langue et les choses se feraient sans heurt. Il en est de même du bambara au Mali, du Lingala en République Démocratique du Congo, du Minan au Togo et au Bénin, du Swahili dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, du sud et du Nord.